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13/02/2011
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Les raisons de la guerre interpalestinienne

La plus grande faute d’Arafat


AUTEUR:  Mohssen Massarrat, 8 juin 2007

Traduit par  Mich�le Mialane et r�vis� par Fausto Giudice


La pr�tention de l’OLP � repr�senter seule le peuple palestinien au processus d’Oslo dans les ann�es 90 est l’une des causes principales de l’actuel  conflit interpalestinien.

La confrontation qui se d�roule en ce moment sous nos yeux en Palestine suit un mod�le r�current depuis 1993 : des � extr�mistes ï¿½ palestiniens sont victimes � d’ex�cutions ï¿½ cibl�es, des membres du gouvernement arr�t�s, des maisons de civils et des b�timents appartenant � des organisations palestiniennes d�truits- puis les chars isra�liens arrivent. Officiellement les  frappes isra�liennes sont destin�es alternativement � intimider et � pr�venir le � terrorisme palestinien. ï¿½

Quant aux � extr�mistes ï¿½, ils sont interchangeables. Jusqu’� la mort d’Arafat en 2004 c’�taient les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, de Marwan Bargouti, aujourd’hui c’est principalement le Hamas qui payent de leur sang l’aspiration des Palestiniens � l’autonomie, � la dignit�, � �tre lib�r�s de l’occupant. Il y a des ann�es que la seule politique d’Isra�l - ou presque - consiste � faire la guerre aux gouvernements palestiniens au lieu de n�gocier avec eux, conform�ment aux accords d’Oslo et � la feuille de route.

�tudions de plus  pr�s le d�roulement du conflit actuel. Le monarque saoudien Abdullah avait r�ussi en f�vrier � mettre un terme � la sanglante querelle qui oppose   le Hamas et l’OLP. Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, le chef du Hamas, avaient pris � la Mecque l’engagement de former un gouvernement d’union - certes sous forte pression politique et avec en contrepartie la promesse de respectables compensations financi�res. Le 8 f�vrier, le Hamas s’�tait m�me d�clar� pr�t � respecter tous les trait�s sign�s par l’OLP, y compris les accords d’Oslo, ce qui constituait une reconnaissance implicite de l’�tat d’Isra�l. Cela ne fit ni chaud ni froid au Premier ministre isra�lien, Ehoud Olmert ; pour lui le gouvernement palestinien n’�tait toujours pas un interlocuteur valable. Au lieu de faire preuve de bonne volont� il joua la provocation par des frappes cibl�es contre la population civile et les membres du Hamas et finit par obtenir ce qu’il souhaitait : l’escalade. Le 24 avril, apr�s la mort de neuf Palestiniens, la direction du Hamas d�non�ait la tr�ve unilat�rale qu’elle respectait depuis novembre 2006. Depuis le Hamas a repris ses tirs de missiles Qassam contre Isra�l, qui de son c�t� envenime l’affrontement par des op�rations militaires et l’arrestation de ministres du Hamas. En outre les activistes du Hamas et de l’OLP se livrent des combats, si bien que la Palestine est au bord de la guerre civile, o� Isra�l jouerait le troisi�me larron, � sa grande satisfaction. Si l’on devait en arriver l�, c’en serait fini du r�ve d’une Palestine ind�pendante.

Le mouvement islamique a h�rit� d’un nationalisme us� jusqu’� la corde

Bien s�r Isra�l n’est pas le seul responsable de ce d�sastre, au motif que l’id�ologie sioniste exclurait l’existence d’un �tat palestinien. Les Etats-Unis le sont tout autant, qui ont men� un partenariat strat�gique avec Isra�l, t�te de pont de leur h�g�monie au Moyen-Orient. Et aussi l’UE, qui s’est faite la marionnette d’Isra�l jusqu’� se renoncer elle-m�me - l’arr�t des subventions europ�ennes a vers� de l’huile au feu des divergences interpalestiniennes. Et l’on ne peut exon�rer de leur responsabilit� Yasser Arafat et l’OLP  qui, en se pr�tendant les uniques repr�sentants du peuple palestinien, ont sacrifi� sa souverainet� sur les autels des accords d’Oslo, d’embl�e fragiles.

Rappelons-nous les circonstances o� ont �t� conclus les accords d’Oslo. En 1987 la premi�re Intifada �clatait dans les territoires occup�s. En 1988 des organisations humanitaires palestiniennes autonomes dans la bande de Gaza donnaient naissance au Hamas, dans un premier temps tol�r� par Isra�l dans l’espoir qu’il aboutirait � un affaiblissement de l’OLP et � une scission entre Palestiniens.  L’OLP, alors exil�e en Tunisie, per�ut imm�diatement le danger que comportait la concurrence avec une nouvelle g�n�ration de Palestiniens, de surcro�t islamiste, dont l’id�ologie commen�ait � prendre la rel�ve, dans le monde arabe, d’un nationalisme panarabe us� jusqu’� la corde- et ceci � une vitesse folle.

Arafat et l’OLP all�rent vite en besogne, trop vite. Ils firent tout pour conserver leur l�gitimit� dans les territoires occup�s face � la nouvelle force politique qui s’y d�veloppait.  Jusque-l� l’autorit� incontest�e de l’OLP se fondait sur le soutien de millions de Palestiniens exil�s ainsi que celui des pays arabes, tandis que le Hamas accroissait chaque jour son prestige par son travail social et la r�sistance qu’il menait sur place.

En toute h�te le chef de l’OLP proclama � Alger, en 1988, � l’ind�pendance de l’�tat palestinien ï¿½, renon�a solennellement un mois plus tard au terrorisme devant l’Assembl�e des Nations Unies et peu apr�s entama des n�gociations secr�tes avec l’�tat d’Isra�l, qui aboutirent � sa reconnaissance  quatre jours avant les accords d’Oslo. Le grand m�rite d’Arafat fut de convaincre la totalit� du Conseil national  palestinien de la pertinence de cette d�marche. Mais en contrepartie Isra�l ne reconnaissait que l’OLP et non l’ensemble des repr�sentants du peuple palestinien. Arafat pla�ait sa propre souverainet� au-dessus de la souverainet� populaire et ce fut, historiquement, sa plus grande faute et la plus inexcusable. Car les n�gociateurs isra�liens - Itzhak Rabin et Shimon P�r�s- avaient tout fait pour exclure du processus d’Oslo le Hamas dont l’attitude �tait maintenant radicalement anti-isra�lienne. Arafat se fit prendre � ce pi�ge, au lieu de chercher un consensus interpalestinien, certes plus difficile � trouver, et de signer sur cette base un accord de paix avec Isra�l qui  aurait li� le Hamas. C’�tait en effet, � l’�poque, non seulement l’avenir de l’OLP, mais de celui de tous les Palestiniens qui �tait en jeu. Mais exclure le Hamas, c’�tait  - conform�ment au souhait d’Isra�l - exclure toute une partie du peuple palestinien.

Voil� qui non seulement portait atteinte au principe d�mocratique de la souverainet� populaire, mais encore permit � Rabin et P�r�s, en raison de la l�gitimit� insuffisante dont disposait Arafat et de la faiblesse qu’il s’�tait ainsi donn�e, d’obtenir un accord qui comblait tous les vœux d’Isra�l, tandis que les Palestiniens devaient se contenter de gestes symboliques. Leurs principales revendications (�tat ind�pendant avec pour capitale J�rusalem-Est, dissolution  des colonies juives, droit au retour des r�fugi�s) ne re�urent comme r�ponse que des d�clarations d’intention non contraignantes. Pire encore : compl�tement tenu � l’�cart des n�gociations d’Oslo, le Hamas se vit de facto contraint de rejeter en bloc les accords qui les conclurent, de d�clarer que l’existence  d’Isra�l n’�tait pas n�gociable et de radicaliser de plus en plus la forme de ses luttes, jusqu’aux attentats-suicide.

Plus de tort � la d�mocratie qu’Al Qa�da ne pourra jamais en causer

La scission entre Palestiniens se trouva ainsi institutionnalis�e. Le calcul d’Arafat - couper l’herbe sous le pied du Hamas en am�liorant rapidement les conditions de vie des Palestiniens et en leur accordant davantage de droits - �choua. Il ne restait plus d’autre choix au Hamas, s’il voulait survivre, que d’agir aussi bien � l’int�rieur qu’� l’ext�rieur comme si l’Autorit� palestinienne n’existait pas et sans  endosser de responsabilit� envers la totalit� de la population, et de r�duire � n�ant toujours et partout les doux r�ves d’Arafat et de l’OLP. Cette dissension offrit  � tous les gouvernements isra�liens - de Rabin � Olmert en passant par Netanyahou - une belle occasion de provoquer au moyen d’un terrorisme d’�tat cibl� et soigneusement dos� un contre-terrorisme des Palestiniens radicaux (depuis les Brigades d’Al-Aqsa jusqu’au Hamas) et de pr�cipiter l’Autorit� palestinienne sous la pr�sidence d’Arafat, puis de son successeur Abbas, dans une succession de crises.

Ce n’est pas la premi�re fois que la pr�tention � repr�senter seul tout un peuple et l’atteinte � la souverainet� populaire faisaient le lit de la terreur : l’exclusion de la minorit� catholique en Irlande du Nord valut au pays un sanglant terrorisme, les Moudjahiddines du Peuple, �vinc�s du pouvoir  en Iran apr�s la R�volution islamique en 1979 furent contraints par dizaines de milliers � la clandestinit�  et  � l‘exil o� ils devinrent pendant des ann�es les sbires de Saddam Hussein et des USA. Et  enfin la pr�tention du parti unique alg�rien, le FLN, � �tre le seul repr�sentant de la nation conduisit � l’annulation - du reste approuv�e par la France et les autres d�mocraties occidentales - des �lections de 1992  et d�clencha la guerre civile avec le Front Islamique de Salut (FIS) dont furent victimes des centaines de milliers d’Alg�riens.

En donnant la victoire au Hamas le 25 janvier 2006, � l’issue des �lections les plus libres qu’ait jamais connues la Palestine,  la majorit� des Palestiniens n’a pas seulement rejet� une OLP corrompue, mais aussi referm� la br�che que la mort d’Arafat avait laiss�e ouverte dans la d�mocratie et la souverainet� populaire. Mais voici qu’arriv�rent Condoleezza Rice, Angela Merkel et toutes les �lites de l’UE - c’est � dire les repr�sentants de ces d�mocraties occidentales, qui pr�tendent enseigner la d�mocratie aux Arabes - et qu’ils boycott�rent syst�matiquement le gouvernement du Hamas, d�mocratiquement �lu.  Une trahison lourde de cons�quences envers les principes universels de la d�mocratie et de la souverainet� populaire. Et m�me plus : Rice, Merkel et les autres, en  boycottant au plan  financier et politique, dans un premier temps le Hamas et ensuite le gouvernement d’union nationale palestinien, ont contribu� � faire perdre � des milliards de gens, bien au-del� des fronti�res du monde arabe, leur foi dans la d�mocratie occidentale et dans l’avenir de la d�mocratie. Les pr�tendues �lites d�mocratiques occidentales, par leur soutien inconditionnel � la politique du � diviser pour r�gner ï¿½ men�e par Isra�l, sont coresponsables  de la p�rennisation du conflit isra�lo-palestinien. Ce faisant elles ont caus� plus de tort � la d�mocratie que ne pourront jamais le faire ses ennemis d�clar�s, comme Al Qa�da.



Original : http://www.freitag.de/2007/23/07230901.php
Sur l'auteur
 Mich�le Mialane et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le r�seau de traducteurs pour la diversit� linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, � condition d'en respecter l’int�grit� et d’en mentionner sources et auteurs.
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TERRE DE CANAAN: 15/06/2007

 
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